Je Suis Ton Soleil, Marie Pavlenko.
QUEL LIVRE ?
Déborah démarre son année de terminale sans une paire de chaussures, rapport à Isidore le chien-clochard qui s'acharne à les dévorer. Mais ce n'est pas le pire, non.
Le pire, est-ce sa mère qui se met à découper frénétiquement des magazines ou son père au bras d'une inconnue aux longs cheveux bouclés ?
Le bac est en ligne de mire, et il va falloir de l'aide, des amis, du courage et beaucoup d'humour à Déborah pour percer les nuages, comme un soleil.
CE QUE J'EN AI PENSÉ :
Déjà, un remerciement pour les équipes Flammarion jeunesse et un à Aloïse pour ce livre, et pour la soirée de lancement. On a fait plein de photos, des cadavres exquis, on a bien grignoter et on a pu avoir nos je suis ton soleil dédicacés. Donc, ça, c’était top !
Ensuite, pour la couverture, elle est rigolote, intrigante et intéressante. Parce qu’en vrai, elle est toute dorée et avec des coquillettes et un peu de relief (j’adore ça sur les livres). Par contre, comme plus haut, ça rend très mal sur internet, l’image est d’un horrible jaune et c’est catastrophique … En revanche, l’intérieur est bien fait, j’aime beaucoup le titre inscrit à la verticale sur chacune des pages et j’aime aussi beaucoup les titres de chaque chapitres, ils sont parfois rigolos, parfois mystérieux et donnent bien envie de poursuivre la lecture.
Passons au cœur du texte.
J’ai trouvé le début un peu fade, disons les cinquante premières pages. J’avais une légère tristesse pour Déborah, je ne sais pas pourquoi, mais pas beaucoup d’empathie et d’identification. Quelques expressions drôles apparaissent, mais je n’ai pas beaucoup ri, ou souri. Du coup, un peu déçue par les premières pages, parce qu’on m’avait vendu du rêve, je pensais que j’allais me tordre de rire, mais non …
Enfin, on avance dans le récit.
Au fil des pages, on rencontre des problèmes assez communs d’ado : la meilleure amie qui nous lâche, les hormones qui nous travaillent, pour un garçon qui nous considère comme une bonne copine, les parents qui se disputent, les mauvaises notes, etc ..
C’est à peu près tout et c’est banal. Je dirais que l’originalité de Déborah réside dans son chien. Enfin chien, c’est plutôt une sorte de chose vaguement canidée d’après les descriptions de Deb. Elle le déteste, mais au début seulement. En bref, rien d’original, ça ne me vend pas du rêve. J’ai connu cette période au lycée, mais en nettement moins catastrophique. Tout est un peu exagéré, mais il fallait bien écrire un roman.
Il faut que je vous parle de Jamal et Victor maintenant.
Jamal, c’est le pote sympa et drôle par excellence quoi, celui qu’on aimerait tous avoir. Un peu bizarre de prime abord, mais finalement, sans s’en rendre compte, on le trouve attachant et touchant. Il a presque réussi à m’arracher un rire avec l’épisode des araignées vs. Le livreur de pizza ! Je trouve que Marie Pavlenko a très bien réussi à le cerner et il rend très bien. En revanche, je trouve Victor gentil mais sans plus. Déborah doit juste le trouver beau. En bref, je le trouve beaucoup moins travaillé que Jamal, que j’a-do-re littéralement.
Pour en revenir au récit, le déclencheur, c’est la nuit du Nouvel An. Ce passage m’a même arraché une larme. J’avais l’air bien intelligent en reniflant dans les transports moi ! C’était soudain, je ne m’y attendais pas là. Au moins, on sait d’où vient le titre (c’est toujours un passage que je guette dans mes lectures). On nous fait croire à une éclaircie, un bout de soleil et finalement c’est la pluie qui balaye tout.
Après ça, le roman s’est accéléré, est devenu nettement plus intéressant. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai trouvé que tout était plus lumineux : les passages drôles étaient plus drôles, les cours de Débo plus passionnants, sa mère plus intrigante et même Victor était plus craquant !
J’ai vraiment adoré cette seconde partie. J’ai été happée dans l’univers de Déborah. Mieux, j’avais l’impression d’être Déborah, j’étais joyeux quand elle riait et triste quand elle pleurait.
La vie suit son cours, Déborah, aidée de ses profs se prépare pour le bac. Ils la soutiennent pendant que sa mère reprend du poil de la bête. Elle se remplume et occupe son temps bizarrement, ce qui intrigue notre héroïne : mandalas, découpages chelous, Eloise et autre ! Bref, c’est une bouffée d’air frais qui nous submerge. On ne peut pas en dire autant par rapport à Victor. Débo à le coeur qui palpite, elle pense souvent à lui, se fait peut-être des idées. Enfin, de ce côté-là, c’est classique, la fille en pince pour son meilleur ami et ne sait pas si ses sentiments sont réciproques. Finalement, Victor ne remplit pas ses attentes et elle en souffre atrocement. Comme tout amour de jeunesse qui se respecte. Mais Jamal, Eloise (le retour!) et sa mère sont là pour la réconforter !
Je me suis délectée des derniers chapitres et vous laisse découvrir ce livre. Les passages d’Isidore sur le lit et l’énigme du Léviathan résolue m’ont beaucoup plus ! Bref, ce livre est beau, nous donne le sourire et de l’énergie. Je me suis sentie bien après les derniers chapitres, c’est finalement un roman feel-good que je conseille !
POUR VOUS ALLÉCHER :
" Isidore gratte à la porte de ma chambre, si fort que Jamal se lève pour lui ouvrir. Je cherche un mouchoir pour me moucher. Le chien de la honte déboule, se dandinant au rythme de son plumet miteux, me lance une oeillade attendrie, et s'élance sur mon lit d'un bon au ralenti.
Son ventre distendu a le temps de balloter dans les airs, ses oreilles au vent.
Il atterrit, un CRAC gigantesque retentit, et je suis aussitôt happée vers le centre de la Terre.
- AAAAAAHHHHHH !
Ma mère se rue dans ma chambre.
Je suis trente centimètres plus bas, le derrière coincé dans les lattes brisées de mon sommier. Isidore est assis sur moi avec un objectif : pratiquer un gommage du visage à l'aide de sa langue au parfum de boulette de viande digérée. Je ne peux même pas me débattre : je suis pliée en deux, coincées, tranche de dinde dans mon matelas-sandwich, et Jamal se cogne les cuisses à force de rire.
- IL A CASSÉ MON LIT ! CE GROS PLEIN DE SOUPE A CASSÉ MON LIT ! je brame, incapable de décider si je dois rire ou pleurer. LE THÉORÈME DE LA SCOUMOUNE M'EN VEUT PERSONNELLEMENT !
Je serre les poings pour beugler plus fort mais je suis immobilisée.
- Le théorème de quoi ?!
Jamal redouble de rire et ma mère pince les lèvres pour ne pas l'imiter."
APPRÉCIATION : 4/5